J comme Jūkendō. Et comme Japon – 3è partie

Par Nuno Vieira de Almeida

 

23 juillet 2018

 

Ce sera mon premier entrainement de Jūkendō au Japon, et, coup de chance, nous pratiquerons avec un groupe des Forces d’Autodéfense japonaises (Jieitai) dans l’après-midi. En raison de l’intense vague de chaleur qui submerge le Japon, hydratation,  prévention des coups de chaleur et de l’épuisement seront de nos principales préoccupations. Il est crucial de boire beaucoup d’eau (et de boissons énergétiques) et insister dessus n’est pas temps perdu. Si vous aller au Japon et devez affronter ce niveau de chaleur et d’humidité… souvenez-vous: eau et Pocari Sweat sont vos amis (malheureusement je n’ai pas décroché de contrat publicitaire pour citer la marque).

Je commence ma journée par la routine qui sera la mienne quasiment chaque jour à Nagoya: descendre au convenience store le plus proche pour prendre une canette de café noir glacé. Sans expresso, je me rabat sur ce que je trouve et le Boss Coffee m’aide à rétablir mon taux de caféine. Le premier matin, comme je parcours nonchalamment le magasin au rayon boissons, j’ai l’oreille attiré… ça alors, une chanson pop reprise avec des instruments japonais. De la musique d’ascenseur pour votre shopping à la supérette, un indémodable classique.

Après mon café (même niveau d’importance que l’hydratation), retour à la maison pour essayer des pièces de bōgu de Jūkendō. Pour le profane, bōgu de Jūkendō et de Kendō ont l’air presque identiques, à une pièce étrange près (le kata-ate). Le bōgu de Jūkendō possède cependant certaines particularités qui méritent d’être soulignées, et qui ne se remarquent pas facilement sur la plupart de site de vente en ligne. Commençons par le kote. En Jūkendō on n’utilise que le gauche: ce kote est à la fois une cible valide, et la partie du corps le plus à la portée de votre adversaire. Il est donc logique qu’il soit différent d’un kote normal de Kendō: rembourrage supplémentaire sur le poing, plus particulièrement le pouce, et également la zone du datotsu-bui du poignet. Ayant pratiqué avec des kote de Jūkendō et de Kendō , je peux dire que la différence se sent en keiko. Ensuite, le tare. Un examen attentif révèle presque immédiatement une petite différence: une boucle en cuir (chichigawa) qui sert à nouer le himo du kata-ate. On peut utiliser un tare de Kendō muni d’une corde ou boucle, mais cet accessoire est vraiment pratique.

Le kata-ate s’explique de lui-même, et est propre au Jūkendō (et aussi au Sōjutsu, combat à la lance, mais je n’en ai vu que dans les livres). Enfin, bien qu’en apparence identique à un men de Kendō, celui de Jūkendō recèle quelques surprises. D’abord et avant tout, le tsukidare. La protection du tsuki (ou nodo, gorge) est plus large et plus robuste que sur les men de Kendō. En sus du tsukidare plus large et protégeant mieux, le mendare (protection du cou et des épaules) est lui aussi adapté au Jukendō. Il comporte un renfort (à l’intérieur) pour protéger contre les frappes manquées et dans les cas où vous êtes dégagé sur le côté et frappé sur le dos du kata (j’ignorais que ça pouvait arriver, maintenant je sais).

Or donc, l’armure de Jūkendō présente quelques spécificités. Gardez ça à l’esprit au moment de décider si vous devriez acheter un bōgu supplémentaire seulement pour le Jūkendō (au cas où vous pratiqueriez déjà un Budō utilisant un bōgu). De ce que j’en ai vu, la plupart de revendeurs sur internet ne montrent pas vraiment ces différences, et pour ceux d’entre nous qui sont isolés, les voir a été une vraie révélation.

Je choisis quelques pièces d’armure, les emballe, et me voilà prêt pour mon premier entraînement au Japon! Après avoir pris les sacs, le mokujū, nous allons à la gare de Nagoya pour prendre le train direction Kasugai. Trois gaijin, trimballant leurs énormes sacs à dos, sacs à roulettes et housses d’armes… on attire l’attention des passants. Mais le spectacle doit continuer, aussi nous continuons.

 

**Ceci est une série d’article par notre auteur invité Nuno, de Porto au Portugal.

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par Anders Noren.

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