Texte par: Nuno Almeida
Telles les expressions que l’on retrouve souvent sur internet … “ça a vite dégénéré!”. Après un jour et une matinée pendant lesquels on a essayé de saisir les premières bases du Jukendo, sous le regard vigilant et patient de Terada Sensei, il a été décidé que Berlin serait le pays organisateur du premier championnat mondial non officiel et totalement non reconnu du Jukendo. Et j’ai été sélectionné comme (l’unique) représentant du Portugal.
Avec tout l’espoir de mon pays en moi et mon arme, j’étais obligé de relever le défi.
Premier match : L’Allemagne.
Dès le début, je savais que je devais être agressif et essayer de casser la garde (kamae) de mon adversaire afin de produire une frappe nette tout en me protégeant. Au début, à cause de mon expérience en Kendo, j’ai cru que la tâche serait difficile. En effet, en Kendo, les premières secondes de shiai sont souvent davantage “contemplatives”, puisqu’on essaie d’étudier la garde de son adversaire, ses réactions et sa posture en général, puis on met en place une stratégie adaptée. Sachant que Andreas pratique le Naginata, je pensais que j’avais un léger désavantage dans la perception du maai et dans la manipulation de l’arme. J’ai donc décidé de gérer les choses “à la Jukendo”, en chargeant directement.
Dès que Terada Sensei a crié Hajime, je suis parti vers l’avant et j’ai essayé d’attaquer en prenant le centre. Même si le premier coup d’estoc était mal centré, cette attaque a réussi à faire perdre l’équilibre à mon adversaire (j’avoue, bien davantage que ce à quoi je m’attendais). J’ai maintenu une pression constante alors qu’il était en train de reprendre son équilibre. Cette pression m’a permis de créer une réaction (aha!) et, lorsque mon adversaire a essayé de neutraliser mon arme en la dégageant, j’ai été capable de maintenir ma trajectoire pour attaquer Ura. Au moment où j’ai senti que ma frappe était assez nette, j’ai essayé de reculer tout en manifestant zanshin. J’ai réussi à mettre en place une distance suffisamment éloignée et on m’a accordé un ippon.
Lors du second point, j’ai brièvement pensé défendre le point déjà marqué (une stratégie qu’on me reproche souvent car je le fais très mal). Mais après un court instant de réflexion, je me suis dit que, me mettre sur la défensive ne serait pas bon pour mon processus d’apprentissage, car les premiers échanges n’ont duré qu’une quarantaine de secondes. Même si les enjeux étaient importants car c’était après tout le premier championnat mondial complètement non officiel et non reconnu, j’ai poursuivi mes attaques après le point.
Encouragé par ce premier point, j’ai essayé de mettre place le second tout en me concentrant un peu mieux sur la forme et les différentes attaques. J’ai essayé Nodo (vous pouvez le voir à 50s et lors de la première minute de la vidéo) et je me suis aussi évertué à mettre en pratique quelques waza qu’Ewa s’est efforcée de nous transmettre lors de l’entraînement de kata (Je sais que j’étais assez mauvais, mais Ewa, ton enseignement n’a pas été oublié!). Donc j’ai tenté Harai-waza (ou quelque chose qui ressemble vaguement au concept de cette technique) et j’ai attaqué le côté omote. Le harai m’a aidé à me placer dans un hanmi plus “mince” et, tout en attaquant omote, j’ai évité la plupart des attaques de mon adversaire. J’ai ainsi réussi à n’être frappé que sur la partie supérieure de l’épaule. Le second point me fut accordé et le match ainsi conclu.
Sur une note plus sérieuse : Regarder ce combat m’a beaucoup aidé. Avec une expérience très limitée en Jukendo, cette vidéo met en lumière (par contraste) plusieurs points expliqués par Terada Sensei lors du stage à Berlin. Les Ashi-sabaki, le mouvement d’attaque, kiai (hassei est réalisé différemment en Jukendo) et kamae ont réellement besoin d’être travaillés. Je suis heureux d’avoir débuté ce processus et j’espère que, dans le futur, je pourrai me voir faire les choses différemment et m’améliorer!
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