31.08.2017
C’est le dernier jour de l’été en Pologne. Il est difficile d’imaginer, alors que je suis joyeusement coincée à l’autre bout du monde pendant cette période glorieuse, que je puisse oublier qu’il existât des vêtements chauds. Je suis complètement consciente de ma future souffrance lors de mon retour en octobre. Il pourrait déjà y avoir de la neige là-bas. Je ne suis définitivement pas préparée à subir un choc thermique.
Maiiis revenons pour l’instant au Japon. On s’est entraîné à Kasugai avec une nouvelle personne dans notre groupe de cinq: un sensei avec plus d’un atout dans sa manche. J’ai étiré un muscle (les mystères du corps humain) vers le côté gauche de mes côtes, donc ça me faisait mal dès que je devais recevoir une frappe. Résultat, je n’ai fait que les kata de Jukendo, quelques exercices de base et plusieurs kakarigeiko avant d’être forcée de retirer mon armure pour essayer de faire disparaître la douleur. Heureusement, on n’est pas du même côté en tankendo, ce qui signifie qu’on reçoit les attaques sur le côté droit ou le milieu du corps, donc sur des parties moins sensibles de mon corps.
Quelques ruses pour le shiai nous ont été enseignées par le sensei. Dans le cas de l’unique art martial que j’ai pratiqué et que je connais quelque peu, le kendo, la garde est frontale, donc les shinpan (arbitres) sont plus ou moins capables de voir si une frappe est correcte. Alors qu’en jukendo ou en tankendo, avec les gardes sur le côté, un arbitre (ou deux, ça dépend de votre emplacement par rapport au “triangle d’arbitres”), risque de rater les éléments essentiels qu’il a besoin de voir avant de lever ou non son drapeau. C’est ce que j’ai appris en tankendo, lorsque son adversaire est figé par la position du bras, on peut le déplacer dans un angle où les arbitres seront capables de visualiser notre superbe frappe. Ou, à l’inverse, rendre nos frappes tellement impressionnantes que, même sans voir les détails, un arbitre nous accordera le point. Mais tout cela, ce sont des ruses et je suis bien trop inexpérimentée pour même les essayer, donc je me concentre sur les bases et je laisse ces conseils être sauvegardés quelque part au fond de ma mémoire, afin qu’un jour, ils réapparaissent, si j’en ai besoin.
01.09.2017
Retour à l’école, mais pas pour moi, car je suis déjà inscrite dans un cours intensif. Aujourd’hui, nous revoilà au gymnase de Kasugai. C’est un dojo spacieux que je commence à aimer. Le sensei qui nous a rendu visite hier a décidé de revenir aujourd’hui, donc on a eu un entraînement bourré de bons conseils et de mouvements funky. Même si c’est vraiment un sensei qui se concentre sur le shiai, ses bases sont impeccables. En outre, il a aussi un bon œil pour trouver le plus petit mouvement qui empêche notre progression en rendant nos frappes et nos mouvements ni aussi efficaces ni aussi forts qu’ils pourraient l’être. On fait aussi de plus en plus de tankendo maintenant. Le jukendo est pour le moment mon seul amour, mais je ne suis pas contre progresser aussi en tankendo (le petit bâton), mon point faible.
J’adore réellement tous les sensei ici, ce sont tous d’incroyables personnes, tellement patientes avec moi et mon incapacité en japonais. Ils semblent vraiment apprécier le fait que j’essaie de faire du mieux que je peux. En outre, ils me donnent l’impression que je suis un vainqueur à chaque fois que je m’améliore, même si ma technique améliorée ne ressemble toujours pas à une technique correcte. Par leurs encouragements, je reste motivée et concentrée. Je suis entourée par de merveilleux sensei et je ne saurais dire, ô combien ! je leur suis reconnaissante.
02.09.2017
Les mois ne semblent être que des numéros dans le journal, le temps est mesuré par les entraînements ici. On est allé jusqu’à Chita aujourd’hui, au dojo que j’appelle le “chaud dojo”, à cause de sa ressemblance avec un sauna lors des jours les plus chauds. Hisatsune sensei, un autre sensei incroyable, nous a rejoints. On a travaillé sur nos bases en jukendo et, cette fois-ci, on s’est concentré uniquement sur les éléments les plus rudimentaires, comme les mouvements des pieds et les déplacements.
Mon cerveau et mon corps fonctionnent mieux grâce à des analogies, donc, l’idée de frapper une balle imaginaire avec mon pied arrière m’aide beaucoup. En effet, cela permet le transfert de forces, ainsi que l’accélération du mouvement du pied droit qui suit le pied gauche (celui qui “piétine”). J’ai toujours l’horrible sensation que ma garde et ma frappe sont de “traviole”. Mais il n’y a rien d’autre à faire que s’entraîner et essayer de corriger tous mes problèmes les uns après les autres. Beaucoup de répétitions, de combats contre mes propres muscles et articulations qui ont tendance à revenir dans une position confortable mais incorrecte dès que mon attention se porte ailleurs. Arg. Après la pause, on est passé au tankendo, en commençant par les bases jusqu’aux mouvements qui peuvent être utilisés en shiai. Le conseil le plus important de la journée est : se relâcher. Comme si c’était facile. 🙂 Spécialement quand on ne veut pas décevoir son professeur. Heureusement, ils savent, ô combien ! il est difficile d’apprendre ces mouvements et ces techniques et ils rigolent avec moi quand je fais quelques idioties. Cela m’aide beaucoup!
*Voici le premier article d’une série continue de post écrits par l’une de nos traductrices et auteur invitée, Klara. Elle a récemment commencé le jukendo et profite d’une visite de trois mois au Japon, avec son partenaire Lukasz, pour continuer son apprentissage dans cette discipline.*
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